Ils nous inspirent

Isabelle SUSINI

1- Quel a été votre parcours ?

 Après une formation en école de commerce, j’ai commencé ma carrière classiquement en tant que cadre marketing dans une grande entreprise française de l’alimentaire.

Et puis un jour, j’ai repris les notes que j’avais prises lors du tour du monde que j’avais fait juste après mes études. Ce tour du monde avait été comme une première prise de conscience de l’existence de problèmes environnementaux et de la nécessité d’agir. Dans mon carnet de notes de voyages, alors que je découvrais à la fois les merveilles de la nature et toute sa fragilité, j’avais pris la décision, comme une promesse envers moi-même, qu’un jour je travaillerais pour la protection de l’environnement. J’ai alors décidé de quitter mes fonctions, de reprendre mes études et de suivre un cursus (Master 2) en génie et gestion de l’environnement à Paris 7.

C’est probablement l’une des meilleures décisions que j’ai prises !

J’ai alors rejoint l’entreprise, pionnière à l’époque, de la responsabilité et de la philanthropie environnementales : PATAGONIA. J’y ai passé 13 ans, en tant que responsable RSE Europe.

Patagonia et son CEO Yvan Chouinard étant à l’origine de la création de l’ONG américaine 1% for the Planet, j’ai vécu à la source les débuts de ce réseau dans le monde. J’ai alors eu la chance de rencontrer beaucoup d’associations militantes très actives pour la protection de l’environnement.

Après Patagonia, travailler pour une ONG environnementale était une suite logique dans l’avancée de mon engagement. L’opportunité de développer l’antenne française de l’association américaine s’est alors présentée.

 2- Quels sont la vision et les objectifs de 1% for the Planet dans les deux ans à venir ?

 En 2018, 1% for the Planet France a vu son nombre d’adhérents doubler, passant de 100 à 200 membres adhérents, avec 5 M€ de dons reversés annuellement à plus de 500 associations.

La France est le 2ème pays de l’ONG, en nombre d’adhérents, après les USA et avant le Canada, le UK et le Japon.

D’ici fin 2020, 1% for the Planet France espère arriver à 400 membres. Nous voulons continuer à faciliter la philanthropie environnementale et les flux entre mécènes (entreprises et individus) et les porteurs de projets associatifs. Nous voulons utiliser notre connaissance des acteurs de ces deux mondes pour amplifier les mouvements de l’un à l’autre et contribuer ainsi à accélérer la transition écologique.

Nous constatons une prise de conscience de plus en plus importante des entreprises sur les sujets environnementaux et une meilleure compréhension que leurs activités ont un véritable impact environnemental.

Les entreprises voient 1% for the Planet en France :

  • Soit comme un premier pas vers leur engagement environnemental, en reversant environ 1% de leur chiffre d’affaires à l’ONG,
  • Soit comme une continuité de leur engagement interne en RSE.

C’est aussi considéré comme un « super » levier d’engagement en interne, car cela donne du « sens » au chiffre d’affaires.

 

 

 

 

 

 

 

Nous rencontrons par ailleurs de plus en plus d’entrepreneurs qui ont eu comme une « étincelle » et souhaitent devenir philanthropes, quelle que soit la taille de leur entreprise.

 Si je devais avoir un rêve pour 1% for the Planet France, et en général pour la protection de l’environnement, ce serait que le don et la philanthropie environnementale deviennent une évidence. Nous avons besoin d’un engagement global du Corporate vers l’environnement.

3- Quel regard portez-vous sur les entrepreneurs et sur l’écosystème des start-up ?

 Lorsque j’ai créé ma société de conseil dans l’environnement, après Patagonia et avant 1% for the Planet, j’ai adoré car finalement, c’est le même ADN qui est sollicité : tout est une question d’engagement. J’ai pu mettre les mains « dans le cambouis » de l’entrepreneuriat, des contraintes comptables, fiscales et administratives, ce qui me permet de bien comprendre aujourd’hui mes interlocuteurs entrepreneurs.

 Concernant le regard que je porte sur les start-up, je dois avouer que c’est un milieu que je côtoie peu, sauf pour celles qui ont intégré dès le départ la philanthropie dans leur business.

 Mais je rêverais d’impulser davantage d’engagement environnemental auprès des start-up ! Et de leurs investisseurs : si ces derniers pouvaient inclure dans leurs critères de choix d’investissement l’engagement RSE et/ou philanthropique, cela encouragerait les start-up à s’engager au plus tôt.

 A terme, et si possible le plus rapidement possible, il faudrait que les entreprises à mission deviennent le modèle classique : qu’il y ait un questionnement dès le départ et constant sur l’engagement pour le bien commun.

 4- Un message-clé à partager ?

 Ce qui importe, c’est l’action. Notamment l’action locale. J’essaie de garder en tête deux messages délivrés par des personnalités que je lis régulièrement.

L’un est de Cyril Dion dans son Petit Manuel de Résistance Contemporaine : « Chaque jour est une petite bataille à mener. Une opportunité de créer une autre réalité. Et cela commence aujourd’hui».

Et bien sûr celui de Nicolas Hulot : « Rien n’est pire que de renoncer ». Ne jamais renoncer, agir, comme hygiène vitale et motrice !

 

https://www.onepercentfortheplanet.fr