1 – Quel a été votre parcours ?
J’ai grandi à Combloux, face au Mont Blanc, au milieu des vaches. J’ai toujours été passionné de montagne et d’alpinisme. Après mon diplôme d’ingénieur IT à l’Ecole Nationale Supérieure des Mines à Fontainebleau, je suis venu à Genève pour me rapprocher des montagnes, vivre ma passion et passer mon diplôme de guide de haute-montagne.
Ce que j’aime dans la montagne, c’est la possibilité de vivre une aventure humaine.
Créer mon entreprise, Kyos, dans la sécurité IT, s’est fait naturellement, comme une évidence : c’était un autre moyen de vivre une aventure humaine. Mais créer une entreprise seul n’avait pas de sens pour moi - l’aventure n’a du sens que si elle est partagée… Je me suis donc associé avec mon meilleur ami, Max, ingénieur IT et passionné d’alpinisme, comme moi.
2 – Quels parallèles faites-vous entre la façon dont vous pratiquez la haute-montagne et la conduite de votre entreprise ?
Il y a plusieurs points communs :
Il y a cependant des différences importantes, notamment :
3 – Considérez-vous votre entreprise encore comme une start up ?
Nous n’avons jamais été une start-up pour plusieurs raisons :
Nous avons simplement créé une entreprise de services, dans le but d’aider les autres. Avec la sécurité IT, nous pouvions être simples et efficients, tout en apportant la sécurité demandée.
Nous nous sommes développés progressivement mais sûrement depuis 16 ans, avec un taux de croissance moyen de 20% par an. Nous avons connu plusieurs stades de développement :
Beaucoup d’entreprises fonctionnent comme nous. Finalement, nous avons une organisation assez tribale, qui fait place à la coopération pour assurer le développement et la survie de la société.
4 – Quelles difficultés avez-vous rencontrées?
Ce dont je suis le plus fier aujourd’hui, c’est d’avoir réussi à comprendre beaucoup de mes peurs.
Si c’était à refaire… je résumerais en un seul mot : OSER, OSER PLUS. Avoir plus confiance, traverser ses peurs, ne pas avoir peur par exemple de perdre des acquis, avoir confiance en sa capacité à réagir et à s’adapter.
5 – Quels sont vos rêves pour Kyos dans les 5 ans à venir ?
Le premier jour où un nouveau collaborateur arrive chez Kyos, je le reçois et lui dis les mots suivants : « C’est vous qui décidez maintenant ce que vous allez faire, vos missions, vos rôles. Vous aurez la possibilité de changer de rôle selon la valeur ajoutée que vous estimerez apporter le plus à l’entreprise. Vous pouvez aussi demander de l’aide à vos collègues et déléguer ».
Nous suscitons aussi beaucoup le questionnement chez nos collaborateurs. Par exemple, nous avons reçu, un par un, les commerciaux et leur avons dit : « Nous pensons que ce serait bien de vous passer en salaires fixes. Et vous, qu’en pensez-vous ? ». Nous avons également reçu tous nos collaborateurs, un par un, et leur avons demandé : « Nous pensons que ce serait bien de publier tous les salaires de Kyos. Et vous, qu’en pensez-vous ? ».
Concernant la question des salaires, nous demandons aux collaborateurs, une fois par an, le salaire qu’ils souhaitent obtenir, s’ils estiment être rémunérés de manière juste, sinon quel serait pour eux le salaire juste par rapport aux missions qu’ils réalisent . Jusqu’à aujourd’hui, nous avons donné à tous les collaborateurs le salaire qu’ils estimaient être juste pour eux.
En résumé, je dirais que le récit de Kyos, c’est : confiance + responsabilité + culture du feedback, le tout autour d’une vison et de valeurs communes et partagées. Et ça fonctionne !
6 – Quel regard portez-vous sur l’écosystème des start-up ?
Plutôt que de parler d’un écosystème de start-up, qui est restrictif de mon point de vue car essentiellement lié à l’innovation, j’ai envie de parler de l’écosystème de l’entrepreneuriat en général.
Je considère l’entrepreneuriat comme un modèle de société. Mais la société a encore trop tendance à inciter les jeunes générations à obtenir un diplôme, puis à chercher un emploi. Alors que la finalité des études, c’est justement d’être utile à la société. Et l’entrepreneuriat est un bon moyen d’être utile.
Je trouve qu’il n’y a pas assez d’aides pour l’entrepreneuriat, en-dehors des aides à l’innovation. Or 90% des besoins des entreprises ne sont pas de l’innovation !
Concernant les investisseurs, j’ai envie de leur dire de donner davantage de sens à leurs investissements. Car cela fait aussi sens s’ils apportent autre chose que de l’argent.
7 – Quels conseils donner à des créateurs d’entreprises aujourd’hui ?
Et pour conclure, j’aime bien la phrase : « Dans la vie je ne sais pas ce qui est important, mais tant qu’à faire, il ne faut pas oublier de se faire plaisir ! »